Je ne t’ai pas vu venir (il, elle ?)
Je t’ai vu aujourd’hui de mes propres yeux
Étalé au milieu de courriels de fichiers photos
J’ai erré parmi mes sens exacerbés
J’ai plongé dans ses yeux comme des branchies
Et j’ai songé : il est sain
Des lèvres roses comme des œufs dans une grotte
Pleine de promesses –
Un corps en harmonie avec l’intelligence
Autrefois sur une place vénitienne
Les pères offraient leurs filles à la vente
Les mettaient aux enchères… au nom de leur bonheur
Maintenant elles s’offrent joyeuses à l’encan
Il suffit de quelques clics appropriés sur Photoshop
Aujourd’hui j’ai vu de mes propres yeux
Attirés sur les sentiers
(désirs et délices)
Par les parfums que je voulais humer
à découvrir sur ta peau, à ton poignet
Ecartant les plis du vêtement
Pour caresser la pulpe
presser les grains de sensibilité
toucher le noyau de la promesse
Aujourd’hui j’ai vu de mes propres yeux –
Il y avait un vide
Une nudité sous la coquille
Comme des fichiers de mots créés
Par cyber mystification
Traduction : François Luis-Blanc 2021