Moments d’existence (FR)
Moments d’existence
Dans notre asgard la chambre dégage une odeur de thé vert et de toi
Les pensées se plient à l’aura des moments d’existence
Quelques heures éphémères captées sur une photo
A chaque instant tu es de pluie ou fraîcheur de l’océan
Tu purifies mes émotions dans leur essence
Tu invoques Aphrodite l’antique pour vivre
un peu du sel de la passion
Ou tu la maudis pour la douleur d’une trop grande désillusion
Je coiffe mes cheveux, de douces sensations embaument mon corps
Avec les parfums enivrants de Perle blanche
Vous l’ouvrez trop vite comme un cordon ?
Parfois avec un cruel sourire en coin
Je t’aspire en ces moments évanescents
Plus affamée aux soirs coupables et au matin
je frôle ton dos et tes cuisses de mes lèvres
comme Gaïa nouant la terre
brossant couche après couche cherchant un trésor
aspirant à une vie au-delà de l’horizon
mécomptes/malédictions brodant les nuages d’un sourire
Traduction : François Luis-Blanc 2021
Je ne t’ai pas vu venir (FR)
Je ne t’ai pas vu venir (il, elle ?)
Je t’ai vu aujourd’hui de mes propres yeux
Étalé au milieu de courriels de fichiers photos
J’ai erré parmi mes sens exacerbés
J’ai plongé dans ses yeux comme des branchies
Et j’ai songé : il est sain
Des lèvres roses comme des œufs dans une grotte
Pleine de promesses –
Un corps en harmonie avec l’intelligence
Autrefois sur une place vénitienne
Les pères offraient leurs filles à la vente
Les mettaient aux enchères… au nom de leur bonheur
Maintenant elles s’offrent joyeuses à l’encan
Il suffit de quelques clics appropriés sur Photoshop
Aujourd’hui j’ai vu de mes propres yeux
Attirés sur les sentiers
(désirs et délices)
Par les parfums que je voulais humer
à découvrir sur ta peau, à ton poignet
Ecartant les plis du vêtement
Pour caresser la pulpe
presser les grains de sensibilité
toucher le noyau de la promesse
Aujourd’hui j’ai vu de mes propres yeux –
Il y avait un vide
Une nudité sous la coquille
Comme des fichiers de mots créés
Par cyber mystification
Traduction : François Luis-Blanc 2021
Et si (FR)
Et si
Et si la lune était de la taille d’un pixel
Elle serait aussi grande qu’un homme mal luné
(avec une goutte de sang sur la peau)
Rebondir comme Neil Armstrong
Et la lueur dorée d’une telle lune
Me réchaufferait
comme si vous étiez physiquement près de moi
Les mirages sont-ils réels ? Les iguanes sont proches
Avec ou sans lunettes
Le sentez-vous ? – c’est un rosaire
De Fatima avec l’odeur de l’encens
Il vous enveloppera dans la nuit
bien mieux que vos seuls doigts
Traduction : François Luis-Blanc 2021
Sur les falaises de l’Algarve (FR)
Sur les falaises de l’Algarve
Sur les falaises de l’Algarve, on respire – profondément
Les ailes du vent indompté
Et les rêves cessent de n’être que des vagues
Je laisse l’océan vous soulever avec moi
Sans cartes, boussole ou le repère des bouées.
Nous ne comptons plus les lanternes dans le ciel
La nuit n’est pas étrangère, pas même aux oiseaux perdus
Nous voguons en triomphe, nos voiles déployées,
tossés entre les brumes matinales.
Derrière les falaises, les pensées fusent
dioxyde de carbone en excès –
Les écologistes nous fustigent (sans trêve)
A cause de ces flammes qui embrasent
A l’infini l’étincelle dans nos cœurs
Traduction : François Luis-Blanc 2021
Traduction : François Luis-Blanc 2021
Et Pour Quoi (FR)
Et Pour Quoi
Et pour quoi… ces départs en quête de l’espace
Et des labyrinthes à priori aussi grands que l’univers
Le silence qui – à son origine résonne
Et abuse des décibels comme serviteurs
Et les moments stériles conspirent dans votre tête
Vous privant d’aisance et d’insouciance
De facto – vous complotez contre vous-même
Vous pensez que leur origine n’est pas en vous mais dans la télévision
Cependant tout ce que vous avez à faire est de tourner le dos
Regarder les fantômes droit dans les yeux
Et vous rappeler qu’en tout événement
Il y a un commencement violé
Vous vivez en quelque sorte ressentant
Que le triangle des Bermudes a laissé s’enfuir
Le corbeau et le cygne – vos chérubins
Traduction : François Luis-Blanc 2021
I feel
I feel so strongly the scent of yearning we feed on its juice and pulp invent comics with us as the heroes
I feel like a dead dolphin disgorged by the ocean we yearn for days with a sunny smile
you are my protein and water a surrogate quenching the acid of life dancing on the waves with another dolphin
-why do we like to escape into solitude?
O feel Katarina Lavmel (translaton Graham Crawford)
On the cliffs
On the cliffs of the Algarve we breathe – deeply
the wings of the untamed wind
and dreams cease to be merely waves
I let the ocean lift you and I
without maps, compass or the compromise of buoys
we count no more the lanterns in the sky –
the night is no stranger even to lost seabirds
we sail in triumph with sheets unfurled
pushed through the morning mists
behind the cliffs thoughts swirl
too much carbon dioxide –
ecologists rebuke us (mercilessly)
for these flames that blaze
without limit sparking in our hearts
Translation Graham Crawford
Anturaż, FONT 2019
You don’t know
Anna… with the big heart and beautiful soul
You don’t know that I smooth your dream
curled up tight in bed
hair straggled across the pillow
like a skipping rope tossed on a playground
when you were five
wise eyes kept asking
why…
thank you for the time you give us
so I might return to answer
find a strong me in you
and the defencelessness of an embryo
might close us up in a box and carry us
up to the attic
and take me by the hand – as before
Translation Graham Crawford
Anturaż, FONT 2019
Which colours
For Kamila…who looks, sees, feels
Which colours to label the emotions
when your daughter gives you a book
titled You’re wonderful
with the dedication I love you
all life’s dilemmas dissolve
and a golden rain descends
you fall asleep as if drugged
as the scent of sweet peas once
a smile remains on your pyjamas, skin and bedlinen
to lead you by the hand through the day
you awake – a tree covered in buds
Translation Graham Crawford
Anturaż, FONT 2019
The ten commandments at forty
The ten commandments at forty
just don’t stiffen up
laboriously build muscle tissue
and intellect at the gym
go against the flow –
counter to the curious drivers
raise people’s blood pressures
and tolerance levels
if torturing your brain
use a book – not a soap opera
cool the intellect without getting cold feet
ignore flab and cellulite
complexes – apply balm
but only at their funeral
believe in the poor man
with the swollen face
love others without illusion
like your reflection (furtively)
in your compact mirror
Translation Graham Crawford
Anturaż, FONT 2019
Spell from the ocean
Spell from the ocean
and I shall
caress her
honour and respect her
lyrically and non-lyrically
she is the one
plucked from the waves of dreams in Tavira
carried here by the ocean
a musical shell
a non-Aphrodite
my uncybernetic love
Translation Graham Crawford
Anturaż, FONT 2019
Mishaps
Mishaps the psychologist blocks my fears
the psychiatrist befuddles my unease
I do not toss these feelings at them
though like chains
they drag me across the flagstones to the abyss
I have given up burning bridges
yet the town still breathes smoke
the tablets have sharpened my eyes
to the kids from the high-rise estates and the brief idyll
once they’ve eaten sweets off strangers
parents helplessly spread their arms
the fridges are almost always bare
morning – eight sharp
the bus stop teems with corpo-people
with bags stuffed full of cyber-worlds
the estate observes – this woman –
world champion of mishap
(this title is perpetual)
on a triple dose
my depression carries life
into an extra-planetary space
I gaze into the foam and the waves
I shall breathe deeply
at the bottom of the ocean
Translation Graham Crawford
Anturaż, FONT 2019